Page:Yver - L Enfant de la balle.djvu/108

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de la jeune fille, vint l’été de la Saint-Martin, où le soleil donnait un reflet printanier aux feuilles jaunies et aux arbres dénudés. Alors, les trois amies s’en allaient tous les jours aux jardins publics avec Mme de la Rocherie ; on cherchait une place bien ensoleillée, on enveloppait la petite malade dans un gros châle moelleux, et ses deux petites sœurs, comme elle disait, s’asseyaient à ses côtés ; Lilie contait quelque histoire, et puis, sitôt que le soleil devenait un peu moins tiède, on se levait vite et on regagnait la maison du boulevard.

Pourtant, un matin que, comme d’habitude, Jen allait prendre sa part des leçons de Mlle Agathe, elle ne trouva personne dans la salle d’étude ; tout étonnée, elle monta dans la chambre de son amie Lilie.

La pauvre petite était à genoux par terre, en proie à un terrible désespoir ; elle étouffait des sanglots qui lui gonflaient la poitrine, et sa main se crispait aux couvertures de son lit.

— Qu’as-tu donc ? cria Jen tout effrayée.

Mais l’enfant ne répondit pas. Son amie courut près d’elle, lui prit le bras, et répéta :

— Lilie ! ma petite Lilie ! réponds-moi, qu’as-tu ?

La vue de Jen produisit une diversion dans son état nerveux, elle se leva et la regarda fixement sans pleurer,

— Anne !… fit-elle enfin avec effort.