Page:Yver - La Vie secrete de Catherine Laboure.djvu/88

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Les choses commençaient donc à s'arranger. Au bout d'une année environ passée, au restaurant de Charles, à la rentrée des classes en 1829, nous voyons Catherine à Châtillon-sur-Seine, près de sa belle-sœur et cousine, Jeanne, dans le plus élégant pensionnat de la région où une partie de la noblesse bourguignonne envoyait ses filles.

Qu'on se figure néanmoins l'état d'âme de celle qui tombait ici de Charybde en Scylla. Après la rondeur et la bonhomie souvent triviale, après le matérialisme grossier de chez le marchand de vin, voici la préciosité de ces charmantes oiselles à qui le maître à danser venait apprendre, selon la mode d'alors, la façon de ramasser à terre un mouchoir de dentelle, de tenir un éventail, d'offrir une dragée. Elles étudiaient la mythologie, l'Histoire de France en vers de Gautier, prenaient une teinture d'astronomie. Et un jour virent arriver parmi elles cette robuste fille de la campagne, aux grands yeux bleux directs, mais froids, à la physionomie hermétique, ignorant l'art des révérences et jusqu'à celui de tenir une plume. Des rires étouffés durent saluer celle dont elles ne pouvaient soupçonner la grandeur.