Page:Yver - La Vie secrete de Catherine Laboure.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Elle demande la Supérieure. La Sœur Portière la conduit au parloir. Et là, à peine entrée, qu’aperçoit-elle en levant les yeux sur ce tableau pendu à la muraille ? Le vieux prêtre de ce rêve fait naguère à Fain ! C’est bien lui ! Elle le reconnaît parfaitement. Voici son grand front couronné d’une vaste calotte noire, ses yeux plissés, un peu rieurs et si doux ; le nez fort dont la lourde chute vers les lèvres a quelque chose de débonnaire et voici surtout ce sourire ineffable d’un vieillard dévoré de Charité, sourire d’une bouche déjà rentrante qui fend un bas de visage tout ridé où le menton pointe. Et il n’est pas jusqu’à ce dos voûté par une longue habitude de condescendance qui ne rappelle à Catherine l’attitude du vieux prêtre de son rêve lorsqu’il la regardait si étrangement à chacun de ses Dominus vobiscum, ou lorsqu’il lui disait : « Aujourd’hui, tu me fuis. Un jour, tu viendras à moi. Dieu a ses desseins sur toi. Ne l’oublie pas. »

Catherine est demeurée en arrêt devant ce portrait, confondue, dans une émotion insurmontable. Elle se sent, dans ce parloir, environnée d’une atmosphère surnaturelle. Encore une fois elle échappe à la terre.