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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/172

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Mais elle était émue, émue à pleurer. Son noble. cœur, dont une infrangible volonté avait toujours régi tous les mouvements, connaissait maintenant des battements qu’elle n’autorisait pas. Et elle se serait reprise, pensait-elle, si cette implacable et voluptueuse musique n’eût continué à verser en elle une griserie, mêlée aux éblouissements de la fête.

Car la fête se déroulait maintenant avec l’animation calme et brillante des cours. L’archiduchesse avait retrouvé ses allures d’oiseau ailé. Elle était infatigable, le prince Géo la conduisait en des méandres fous. Leurs girations, leurs voltes, leurs glissades les faisaient pareils à deux êtres fantastiques des légendes du Nord de qui c’est l’élément que cette glace transparente. Puis ce fut la troupe bleue des petits pages, qui exécutèrent sur le lac la Chacone à la reine, que jouait la musique de la cavalerie riche en fifres et en hautbois. À son tour, la garde vint évoluer et reconstituer des jeux antiques de la Grèce. Au premier rang, debout, Wolfran se repaissait de ces spectacles esthétiques. Il était orgueilleux de sa garde ; il manifestait un enthousiasme qui excitait l’adresse de ces fiers jeunes hommes. Et c’était à lui qu’au milieu de ces magnificences revenait sans cesse le regard de Clara.

On goûta au Château-Conrad. Clara Hersberg connut l’opulence d’un gala de la reine. Mais tout passa devant elle comme des scènes qu’elle