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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/259

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autour de nous la somptuosité architecturale d’un palais, le luxe d’une cour, la richesse des costumes, les représentations d’une garde brillante, et jusqu’à ce langage spécial qui fait que, nous parlant, on s’adresse à quelque chose de plus grand que nous, qui nous recouvre comme un vêtement étincelant et qu’on nomme d’un mot auguste notre majesté…

— Mais, objecta Clara, — que cette explication avait frappée, n’est-ce pas tromper le peuple que de faire usage, pour le gouverner mieux, d’un système d’illusion ?

— L’illusion n’est qu’apparente. La réalité du pouvoir royal est une force redoutable qui mérite ce culte. Les hommages dépassent le roi, montent jusqu’à la monarchie elle-même.

Clara dit pensivement :

— Il me semble…, je croyais plus conforme au principe royal que l’honneur allât à la valeur même de l’homme. Je veux dire… tant d’idées se présentent à mon esprit depuis quelque temps, et avec une si forte autorité, que j’exprime là un sentiment obscur plutôt qu’une opinion… bref, je voyais très bien l’étiquette et le cérémonial comme une reconnaissance du pouvoir individuel, un acte de foi en la valeur personnelle de Votre Majesté.

— Un roi imbécile eût subi les mêmes hommages, dit Wolfran.

— Voilà bien ce qui me révolte, conclut la libertaire.