Aller au contenu

Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le roi sourit et laissa échapper trois mots :

— Moi aussi, autrefois…

Il se tut. Le silence se prolongea quelques minutes. Quel était donc, pensait Clara, ce passé singulier, couvert d’un voile que nul ne soulevait ici, cette lacune dans les souvenirs de madame de Bénouville, cette époque de la vie. du prince que, si prolixe par ailleurs, la vieille gouvernante narrait d’un soupir ? L’étape comprise entre la vingtième et la vingt-cinquième année de Wolfran demeurait mystérieuse. Des discussions politiques avec le vieux roi Wenceslas suffisaient-elles à expliquer tant de réticences ? Et Clara interrogeait du regard cet homme subtil, frémissant et ardent, dont la mentalité correspondait parfois si étrangement à la sienne. Elle l’évoquait jeune, à vingt ans… Aujourd’hui, ses yeux lumineux et rêveurs semblaient posséder toujours cette jeunesse passée…

— Parfois encore, reprit-il, je me surprends à oublier la stricte observance de ces pratiques. Mais j’ai un cerbère attentif dans la personne du vieux Zoffern ; il me rappelle à l’ordre. Cela vous fait rire ? Il a raison cependant. humaine…

— Mais la dignité

— Mademoiselle Hersberg, dit Wolfran, je vous supplie, pour la vérité, pour l’honneur de votre cerveau féminin au bel équilibre, de renoncer à cette phraséologie unioniste, qui est véritablement néfaste. Les rois s’imposent à