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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/325

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contrat… André, mon chéri tu ne m’as pas embrassée.

Il s’avança, les lèvres tendues : Henriette, de son bras libre, allait l’enlacer, madame Martinal dit :

— Je vais chercher votre serviette. Vous y aviez emporté une lettre dont j’ai besoin…

Et elle s’éloigna, les yeux humides. Henriette riche, élégante, goûtant à tous les luxes, Henriette gâtée par le public, fameuse dans tout Paris, rassasiée de succès et de gloire, c’était très bien ; et la veuve, dédaigneuse de la renommée, applaudissait sans une ombre d’envie. Mais quand elle imaginait son amie aux bras du mari qui la chérissait tant, c’était plus fort qu’elle, une affreuse tristesse l’envahissait : « Moi aussi, on m’a aimé, pensait-elle : moi aussi, j’ai eu des bras amoureux noués autour de mon cou ; moi aussi, j’ai dormi sur le cœur d’un homme tendre… » Et un sanglot profond montait de ce coin d’àme où elle avait impérieusement refoulé sa sensibilité d’épouse, ne se permettant plus que les élans maternels.

« Comme il l’aime, se disait-elle, quelle union !… quelles ententes !… Ah ! c’est beaucoup pour une seule femme, tant de bien-être, tant de gloire et d’amour à la fois !…