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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/411

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en vue d’une réconciliation. Mille projets lui venaient en tête. La pensée que Vélines rentrerait pour trouver sa maison désertée, la hantait, lui était intolérable. Mais rien ne semblait devoir faire revenir Henriette sur sa décision.

Elle arriva, ce soir-là, rue de Grenelle, juste comme celle-ci, au retour de chez Alembert, descendait de voiture aidée de Fabrezan ; et elle s’étonna de la voir très pâle. Elle se dit :

« Fabrezan l’aura chapitrée vertement. »

Ce qui était parfaitement inexact, car, de tout le trajet, depuis le boulevard de la Madeleine jusqu’à la maison des Marcadieu, le vieillard n’avait pas échangé trois paroles avec la jeune femme. Il salua les deux avocates, et repartit. Henriette pria madame Martinal de l’attendre dans son cabinet, alléguant que c’était l’heure de la tétée de sa fille : en effet, elle s’en fut ôter son chapeau dans sa chambre, où dormait le bébé, et demanda qu’on la laissât seule.

Elle était si agitée qu’elle ne prêta nulle attention aux cris de joie poussés par l’enfant ; elle ouvrit son corsage, et, pendant que la petite buvait gloutonnement, elle songea.

Ce fut un grand conflit entre son orgueil et sa raison. Sa raison lui débitait un chapelet de vérités sévères, sur la condition des époux divorcés. Fallait-il qu’elle eut aidé à dénouer la douloureuse situation des Alembert, pour s’engager résolument, à son tour, sur l’horrible route