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Page:Yver - Madame Sous-Chef.djvu/217

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au grand calme mystique des campagnes bretonnes où elle se serait retrouvée elle-même au lieu de l’automate désorganisée qu’elle se voyait devenir.

Mais ils avaient fait des comptes serrés, Mlle Hedwige leur coûtait fort cher. Les frais de clinique avaient été lourds. Leurs disponibilités ne leur permettaient plus un vrai voyage. Ainsi malgré les avantages matériels considérables acquis par Geneviève avec son titre de sous-Chef, ils durent se contenter cette année d’une pauvre quinzaine dans une hôtellerie sylvestre de Seine-et-Marne, en pleine banlieue.

Quand ils partirent pour cet essai de villégiature, deux semaines ne s’étaient pas écoulées depuis la soirée qui avait mis à découvert soudain, les ruines de leur bonheur. Par une muette entente, jamais ils n’avaient rappelé les redoutables vérités qui avaient éclaté d’elles-mêmes ce soir-là. Cependant, à la ponctualité que montrait Denis en rentrant dans les plus stricts délais après la fermeture des bureaux, il était loisible pour Geneviève de constater qu’il n’était pas retourné une seule fois chez les Charleman. Au plus creux de cet abîme de désolation où cette fière épouse était tombée, ce ne fut pas tout à fait un soulagement, mais une sorte de muette amende honorable du coupable qui l’apaisa un peu. Dans le train qui, l’espace d’une demi-heure les transporta à travers des bois opulents jusqu’à leur nouvelle résidence — Mademoiselle portant Bébé, et le jeune Pierre déjà dressé à ne rien dire, à ne jamais bouger, immobile aux côtés de son père — Rousselière rêvait.

C’était un peu son habitude. Il rêvait à ce qu’eût été le départ pour ces piètres vacances (qui n’en représentaient pas moins une évasion de leur vie