quotidienne), s’il n’avait pas fait à Geneviève les tristes aveux dont leur vie conjugale était maintenant empoisonnée. Le plus triste était qu’aujourd’hui, sa femme crût à une véritable infidélité de son cœur. Cette infidélité n’était pas. Ah ! il n’avait qu’à contempler à ses côtés cette « grande Braspartz », telle qu’elle apparaissait dans ce compartiment, les yeux clos pour donner l’illusion du sommeil et qu’on la laissât ainsi en paix, son beau profil serein détendu dans le repos, si maîtresse d’elle-même, si capable — cette tourmentée — de ne rayonner que du calme, pour que son être entier s’élançât vers elle, emporté par une force plus puissante que tout. Par contre, il ne se voyait pas sans frémir enfermé pour quinze jours dans ces bois — vers lesquels en compagnie de Geneviève il partait avec une inexprimable émotion, une indéfinissable, et fragile, et vacillante espérance, — pour y être réduit à la compagnie de Denise. Le bon sens de Denise, le sens commun de Denise étaient avérés. Il avait été satisfait et même réconforté bien des fois de la sentir d’accord avec lui. Et quand il en voulait à Geneviève, il aimait mieux, son orgueil préférait en quelque sorte trouver des excuses à sa femme sur les lèvres de cette gentille Denise plutôt que dans sa propre raison. Après cela, il fallait tirer l’échelle. Et il reconnaissait que quinze jours de solitude avec cette femme-enfant lui eussent été impossibles.
Mais Geneviève profonde, Geneviève à l’âme insondable, Geneviève cette créature diverse, multiple dont on n’avait jamais fini de faire le tour et qui était sa possession, son bien propre, il aurait pu vivre dans un désert avec elle toute une vie sans en épuiser les ressources. Et quand Geneviève dans ce compartiment cahoté fermait les