Page:Yver - Madame Sous-Chef.djvu/54

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vous étiez mépris sur mon compte. Moi, je me raconterai à moi-même que je m’étais méprise sur vous, et cela me consolera. Au revoir. À demain là-bas. Nous nous retrouverons. Il n’y aura rien de changé.

Geneviève était là, debout devant le poêle provençal dont le feu se mourait. Elle n’avait pas encore disparu. Il pouvait encore la retenir. Un désespoir inconnu montait de tout son être, l’envahissait. Et il n’avait qu’à dire : « Geneviève, vous ferez comme vous voudrez », pour que cette créature unique, cette belle et fière Braspartz, l’admiration, le culte de tout le bureau, devînt son bien propre et sa compagne de toujours. Mais il lui parut que sa conscience, les règles de vie qu’il s’était faites étaient en jeu. Geneviève sentit le mouvement qui, un instant, entraîna le jeune homme vers elle ; crut voir ses bras se tendre pour l’arrêter avant la fuite définitive. Mais il prononça seulement d’une voix sourde :

— C’est cela. Nous demeurerons camarades.

Ils se serrèrent la main, mollement. Denis accompagna Braspartz jusqu’à l’escalier. Elle n’avait pas descendu dix marches qu’il la rappela : « Geneviève ! Geneviève ! » Mais sans doute Geneviève ne l’entendit-elle pas…