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Page:Yver - Madame Sous-Chef.djvu/55

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II

Les cloches de Saint-François-Xavier emplissaient de leur allégresse vibrante, qui ébranlait les nerfs des passants, le quartier napoléonien de Paris et ses grandes perspectives harmonieuses si chargées d’ordre, de raison, de sérénité autour du tombeau d’un empereur. En même temps, c’était l’éveil du mois d’avril dans les arbres avec les bourgeons gonflés et les batailles de moineaux. Par-dessus le-tonnerre des tramways et des voitures, une cadence supérieure semblait régler les bruits, c’était toujours ces cloches dominantes qui chantaient dans le soleil. Elles chantaient pour deux jeunes êtres modestes et charmants qui unissaient leurs vies ce jour-là, Denise, « la fille aux cheveux de lin » et Jean Charleman, le fils du notaire de province. Qui n’aimait pas Denise, dans le bureau, et qui n’aimait pas Charleman ? Tout le ministère, pour ainsi dire, se trouvait à l’église. Dans les chuchotements des rangées de collègues qui ne semblaient guère se soucier de la présence divine, on n’aurait, par contre, pas entendu un propos d’envie ou de critique touchant ce jeune homme et cette jeune fille dont, chose merveilleuse, le bonheur réjouissait chacun. Dans le chœur, d’un côté se pressait la famille du notaire tourangeau — robes un peu désuètes, demoiselles d’honneur un peu guindées — mais qui baignait dans une sérénité de vieille France