Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/105

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choses-là en délicatesse et sans y toucher. Et puis, Édith est secrète. On ne sait pas au juste ce qu’elle pense. Elle était un peu fière autrefois avec ce pauvre Picot. Aujourd’hui, je me figure qu’elle s’est radoucie ; j’ai cru m’apercevoir parfois que sa figure changeait quand elle recevait ses lettres. Après tout, je me suis peut-être trompé. Avec vous autres, jeunes filles, on est toujours dérouté. C’est égal, tu prendras des ménagements, ma Louise, de crainte que ça ne lui fasse un coup. Pauvre Picot ! Enfin ce n’était qu’un étranger pour nous. Sur le front, on sait bien qu’il faut de la casse. Il en est tombé d’autres, n’est-ce pas, et d’autres tomberont encore. C’est la guerre. Mais, vois-tu, ma fille, ce garçon… ce garçon-là…

Le chef de rayon s’arrête, la face tout d’un coup congestionnée. D’un geste il fait tomber la glace, aspire une bouffée d’air frais, roule des yeux féroces, et finit par avouer sourdement :

— C’était comme un fils pour moi !

Louise a le cœur très gros. Elle est aussi