Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

papa Bouchaud, entre demoiselles on se comprend bien. Une larme a suffi. Édith est devenue blême ; elle murmure, comme insensible :

— Robert est tué !

— Mais non, ma chérie, mais non, reprend Louise, avec mille caresses, on le sauvera au contraire. Blessé seulement ! et dans quelle glorieuse circonstance ! Henri me l’écrit, tu sais. Robert est un héros.

Elle a beau faire, le chagrin d’Édith éclate. Ce sont des sanglots convulsifs et des ruisseaux de pleurs, et les aveux entrecoupés d’un cœur tendre qui se décharge.

— Je l’aime tant à présent, Louise, si tu savais… Je sentais que j’allais le perdre… Chaque jour je m’attachais à lui davantage… Mais je n’osais pas le lui dire… Étais-je sotte, mon Dieu ! Tu comprends, Louise : quand il était employé au Meilleur Marché, je l’avais dédaigné. Rappelle-toi : je te disais : « C’est si ordinaire d’épouser un vendeur ! » La vérité, c’est que je ne connaissais pas Robert. Évidemment, on n’a pas besoin d’héroïsme pour