Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/128

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caisse à savon en guise de table. Très familière, la jument du colonel, en poussant l’autre jour jusqu’ici, a dévoré le lit et la chaise dans la chambre à coucher. Heureusement que le tapissier n’est pas loin.

Le régiment qui revient des tranchées est ici à l’abri. À l’abri est une façon de dire, car çà et là, des hêtres écartelés, montrant à nu la chair blanche de leur tronc déchiré, témoignent que les grosses marmites viennent souvent visiter le bois du repos. Néanmoins, on est suffisamment éloigné des lignes pour que les nerfs des hommes aient le droit de se détendre. Des romances burlesques ou sentimentales montent sous les arbres ébranchés. Les barytons et les ténors, dans un concert discordant, mêlent ensemble les guirlandes alanguissantes des valses, et les accents dramatiques de Faust ou de Mignon.

Toute cette musique monte des trous d’obus emplis par les eaux de pluie, où les hommes lavent leur linge, qu’ils vont étendre ensuite sur les rameaux des taillis. On les voit de loin passer entre les arbres, le torse nu, et en pan-