Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/135

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— Louise, je ne suis pas plus brave qu’un autre. Nous autres Français, on a ça dans le sang, de bien se battre, et voilà tout. La guerre finie, si Dieu me garde vivant, je redeviendrai un commis de librairie et un pêcheur à la ligne comme devant. Peut-être qu’alors vous cesserez de m’aimer.

— Henri, pourrai-je oublier jamais ce que vous aurez été durant cette guerre, pourrai-je oublier cet héroïsme que j’aurais toujours ignoré si monsieur Robert ne nous l’avait dit ?

— Louise, quand je pensais que je me battais pour la France et pour vous, je me serais fait mettre en pièces plutôt que de reculer d’un pas.

Sur cette phrase, Louise a une grosse envie de pleurer, mais elle ne veut pas que M. Henri surprenne ses larmes ; aussi cache-t-elle son visage sur l’épaule du sous-lieutenant. Les larmes coulent et s’absorbent dans la tunique bleu horizon. À ce moment, M. Duval descend de l’appartement et arrive, sans plus de bruit que de coutume, en face de ce spectacle inattendu : sa fille dans les bras d’un officier du