Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/162

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le sous-lieutenant Lecointre, avant d’aller vérifier le nombre des pics-pelles et cisailles de sa section, écrit à la hâte à sa chère Louise :

« Ma chérie, je suis sain et sauf ; hélas ! je voudrais pouvoir en dire autant de tous mes pauvres camarades ! La terre de France coûte cher à racheter aux Boches ! J’ai vu tomber près de moi mon jeune ami, un lieutenant de vingt-trois ans, la gaîté même, et notre capitaine a reçu les plus graves blessures. Dieu merci, Picot est indemne. Et il faut, ma chère Louise, que vous le disiez à votre cousine : sa bravoure a été au-dessus de tout éloge. Sa modestie le lui taira sans doute. Je l’ai vu, sous le tir de barrage, entraîner sa section vers les tranchées de seconde ligne et y pénétrer le premier, le couteau à la main. Dans ces moments, ma Louise chérie, nous devenons un peu sauvages, les hurlements des hommes se mêlent au roulement ininterrompu du tonnerre, et l’on ne pense plus guère à craindre pour sa vie. Mais véritablement je crois que je n’aurais pas eu le déconcertant aplomb de notre brave Picot fonçant droit sur les Boches