Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/175

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maintenant, et il a vu tant de choses ! Le Midi, Marseille, la mer. Son paquebot torpillé a fait naufrage, il a été recueilli sur les chalutiers italiens. Il a connu les camps dans le sable sous le soleil torride, le château d’Europe et le château d’Asie, la tranchée devant les Turcs, et les assauts terribles contre ces Sarrasins modernes. Il a vu pointer dans ses rêves les minarets de Constantinople, comme jadis les Croisés voyaient Jérusalem, puis il est revenu, passager de pont, guettant à fleur d’eau, sur la mer bleue, le périscope des sous-marins boches. Alors on l’a renvoyé en Artois, en liaison avec les Anglais. Il a passé les mois de pluie et de froid, circulant en des boyaux qui sont des ruisseaux profonds où les jambes clapotent, mangeant et dormant au fond de trous de boue. Puis brusquement, en février, ce fut le transport en auto jusqu’à Verdun, et la défense éperdue. Maintenant il revient du fort de Vaux, pour une permission de sept jours. Vous ne serez pas étonné si ce gamin a pris quelque maturité.

— Dis à monsieur des Assernes comment