Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

c’est à Verdun, ordonne ingénument la mère.

— Bast ! répond le petit guerrier qui sort du cauchemar, ce sont des choses qu’on ne peut se figurer. Il faut y avoir été.

— Voilà ce qu’ils disent tous, monsieur, remarque le père Bouchaud : il faut y avoir été.

— Les pauvres enfants ! soupire M. Duval.

— Henri est à la cote 304, dit Louise.

— Robert aussi, dit Édith.

— Que se passe-t-il en ce moment, que font-ils pendant que nous sommes ici à prendre le thé si tranquillement ? se demande Louise toute songeuse.

— Le fait est, reprend des Assernes, que dans ce cénacle recueilli, familial et intime, on ne se douterait guère qu’à cinquante ou soixante lieues de nous, c’est le carnage et l’horreur. Ici nous vivons, là-bas on meurt. Et cependant, mon cher Duval, si nous cherchons la raison du sacrifice de nos plus brillantes intelligences et de beaucoup de nos génies tombés au champ d’honneur, nous voyons qu’en fin de compte ce sang rare et précieux n’a été répandu que pour