Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/180

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soupçonnez, mon cher Duval. Avant que je n’eusse encore lu le corps du manuscrit, j’avais déjà cherché dans les parchemins épars la dernière feuille. Elle est pleine de magnificence et relate les noces de la noble demoiselle avec le comte Mainfroy de Catalpan, qui eurent lieu à Saint-Jean-d’Acre où Mirabelle avait été mise en sûreté, je pense, auprès de la reine de France. Il y est dit sur les costumes des dames, sur les cadeaux qui furent faits à la jeune épouse, des détails chatoyants comme les vitraux des cathédrales. La soie, l’or, l’hermine, les pierreries, les perles, les broderies, les incrustations, les bijoux et les objets d’art irisés, nacrés, damasquinés, tout cela scintille, étincelle, et j’ai retenu en souvenir l’éléphant de verre peint, don du Soudan d’Égypte. Mais ce qu’il faut voir au milieu de cette féerie, c’est le poétique passage de Mirabelle au bras du seigneur aveugle et défiguré. Ils sont au comble de leurs vœux, ayant surmonté tant de vicissitudes, et ils échangent un duo amoureux qui, après six cents ans, vibre encore à nos oreilles comme une musique fraîche et délicieuse. J’ai