Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/183

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çoit dans un lointain vaporeux de blanches falaises, et la Meuse aux eaux claires coule à leurs pieds. En face est la masse noire du bois des Corbeaux, déjà noyée de ténèbres.

Et dans le calme élyséen de cette nature harmonieuse le formidable cataclysme d’un combat d’artillerie est déchaîné.

La tranchée, où s’abrite la section du sous-lieutenant Lecointre, a été péniblement creusée dans la craie au flanc nord. Mais, sortis du bois des Corbeaux, les ennemis ont grignoté peu à peu le pied de la colline, et sur une plateforme qui interrompt à un endroit la montée, eux aussi se sont accrochés à une autre tranchée, face à la française. Et pendant que les deux infanteries se guettent, se défient et s’attendent, les gros obus ne cessent de pleuvoir, nivelant la pente, remblayant les tranchées, pulvérisant abris, mitrailleuses, fusils, soldats et gradés.

Là-bas, au sud-est, l’invisible forteresse devenue sacrée, moins par son rôle que par le sang de ceux qui sont morts pour la défendre, Verdun sommeille.