Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/190

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qui déferle. Et les marmites continuent de trouer le flot, et le défilé des brancardiers continue d’emporter des débris humains vers le poste de secours caché dans un bosquet de la cote 304.

Picot, sensible et nerveux jusque dans l’éblouissement de cet assaut qui affole et grise, voit passer un blessé et détourne la tête. Un frisson d’horreur l’a saisi, car l’inconnu dont il n’a pu voir ni le régiment ni le grade, n’a plus de visage. La balle qui lui a fait éclater les deux yeux, semble, par l’effet du sang coagulé, avoir emporté tous les traits. « Pourquoi les brancardiers ont-ils relevé ce malheureux ? » se demande Picot. Et il continue sa course, pour enlever sa section jusqu’au but, sans savoir que le cadavre vivant qu’il vient de croiser, c’était Lecointre.