Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/215

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teint de ses dix-huit ans. Et l’adjudant Matheau dont le regard se fixe toujours sur les hommes de sa section, comme s’il les faisait marcher par magnétisme.

— Halte !

Le bruit cadencé des godillots cesse, le silence marche, rang par rang. Assise au milieu de la route, Nénette se dit dans ce langage militaire qui lui est habituel :

— Je n’ai touché qu’un os avant de partir. Il me semble que j’aurais droit à une portion.

Maintenant, derrière la brume, un petit soleil d’hiver rond et blanc apparaît. Dans les champs, le blé pointant déjà fait de larges nappes d’un vert intense. Crenn, debout tout seul sur le fossé, pendant que les autres, débouclant leur musette, en retirent le pain, la viande et le couteau, regarde la campagne. Son visage est impassible. Il dit seulement :

— Chez nous, il est déjà plus haut que ça, le blé.