Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/214

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Peu à peu le chant s’est enflé, est devenu formidable dans la nuit noire. C’est un chant tragique. Les ombres sonores qui le lancent, traversent les champs, semblent aller droit à la mer qui déferle là-bas, avec une autre musique grandiose :

    Madame à sa tour monte,
    Mironton-ton-ton ! Mirontaine !

Une faible lueur éclaire le ciel à l’horizon. Sous les képis, les visages apparaissent. Voici Loïk, le Breton aux taches de rousseur, et les deux frères Hervé qui se ressemblent, et Pas-de-Chance dont le front gravé semble une banderole, et Balandard dont les mains habituées aux flacons de parfumerie bleuissent de froid à soutenir le fusil, et Nida (Raymond) le romantique, dont le gosier module avec sentiment :

    La nouvelle que j’apporte,
    Vos beaux yeux vont pleurer.

Voici le caporal Minerbe qui ressemble à une jeune fille avec ses longs yeux noirs et le