Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

têtes exactement semblables penchées sur le même papier, épellent ensemble, péniblement, les mêmes mots :

« … Tout — va — bien — ici — sauf — qu’on — a — un grand ennui — et un grand — tourment. — La jument — a été malade — le vétérinaire a dit que ça pouvait bien être — le chagrin. — Mes chers enfants — votre pauvre mère — en dirait — bien — autant — d’elle-même. »

Puis un silence. Plus un mot. Tout le monde se tait. Les yeux, grands ouverts dans le vague, voient des choses que Nénette ne peut pas apercevoir. Une voix larmoyante enfin s’élève là-bas. C’est Crenn, l’homme au poil de carotte, qui dit :

— La guerre ! On avait bien besoin de ça ! Et Balandard, les lèvres serrées :

— Nom de nom de nom de nom, si je devais crever sans revoir ma petite femme…

Un visage ironique les regarde tous. C’est Pas-de-Chance qui les blague, un à un. Lui n’a rien reçu, pas le moindre papier. Il semble ne savoir que faire de lui. Il appelle :