Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/218

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— Nénette, viens ici !

Nénette le considère d’un regard oblique, mais présentement elle est occupée à repasser sa robe blanche. Aussi ne bouge-t-elle pas. D’ailleurs elle n’obéit qu’aux commandements militaires.

Alors, comme un malade crache sa bile, Pas-de-Chance lance un mot sourdement :

— Si personne n’avait marché, la guerre, il n’y en aurait pas eu.

Les têtes se relèvent faiblement. L’heure est trouble, équivoque et comme méphitique. Nénette sent un malaise l’alanguir. Elle s’allonge sur le plancher, les pattes étendues, et le museau par terre. Elle sait qu’un coup de clairon, le mot d’un chef suffirait pour vaincre le charme mauvais. Mais rien. Personne. La théorie des regrets, des secrètes récriminations, des exigences égoïstes a envahi la chambrée.

Soudain la porte crie. L’adjudant Matheau est là, sur le seuil. D’instinct, tous les hommes se mettent debout. Et il dit seulement :

— Ce soir, à quatre heures, dans la cour