Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/222

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dant il faut obliger les camarades. Aussi file-t-elle comme une flèche pour aller prévenir, là-haut, dans la chambrée, le mari de la Bretonne. Mais, en cours de route, voici qu’elle rencontre Crenn lui-même en conciliabule avec l’adjudant Matheau.

— Non, Crenn, dit celui-ci, comme à regret, non, vous ne pouvez sortir en permission ce matin. Nous partons à cinq heures ce soir. Pas un homme ne peut bouger du quartier.

— Mon adjudant, je vais vous dire, c’est ma femme qui est là. On s’est marié à la Saint-Jean. C’était une orpheline qui avait bien de l’amitié pour moi. Sa marâtre la battait, et comme, moi, je ne suis pas méchant, ça lui a fait un changement quand on a été mariés. À mon départ elle a eu bien de l’ennui. Puis il lui est venu un intersigne à mon sujet.

L’adjudant regarde ce grand Cornouaillais osseux, dont la tignasse rousse, qui n’a point passé sous la tondeuse depuis huit jours, part en boucles de tous les côtés. Il l’écoute. Il lui dit doucement :

— Qu’est-ce donc qu’un intersigne, Crenn ?