Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/223

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— Mon adjudant, c’est quelque chose qu’on voit la nuit et qui annonce la mort. Et Marjeânne, une nuit, m’a vu couché sous un drapeau tricolore, avec des cierges autour de moi. Ce qui est signe que je ne reviendrai pas, mon adjudant. De sorte qu’elle a vendu notre vache pour se payer le voyage et m’embrasser avant le départ. Voici trois jours qu’elle est ici. Celui-ci est le dernier, c’est pourquoi je demandais une permission.

L’adjudant Matheau n’a même pas envie de sourire.

— Crenn, dit-il très sérieusement, il ne faut pas croire aux rêves. Je suis sûr que vous reviendrez.

— Pardon, mon adjudant, je ne puis pas revenir après ce que ma femme a vu, qui n’était pas un rêve, mais un intersigne, car elle était éveillée comme vous et moi. Il faut bien qu’il y ait des morts, parbleu. Mais si j’avais pu passer encore deux heures avec Marjeânne, cela m’aurait fait plaisir.

— Écoutez, Crenn, je vais prévenir le caporal Minerbe et le sergent afin que, si vous