Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/228

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Une foule encombre la gare, venue pour assister au départ des soldats. Et parmi la foule noire, une petite coiffe blanche se tient immobile comme un oiseau qui plane.

Sur le quai, le lieutenant Fleuriot, le capitaine Delysle causent avec d’autres officiers. Au milieu des chants discordants qui s’échappent de chaque voiture, le capitaine se fait entendre avec difficulté :

— Matheau, vous montez avec nous ?

L’adjudant Matheau, très affairé à loger et ravitailler son monde, passait sans voir. Il se retourne, reconnaît le capitaine, regarde le compartiment de première classe où vont s’entasser les officiers.

— Pardon, mon capitaine, vous me permettez de rester avec mes hommes ?

— Une idée de littérateur, pense le capitaine.

Et voici que la machine s’ébranle pesamment. Les retardataires sautent sur les marchepieds. Un chœur formidable sort des wagons, dans un unisson très relatif :

    Marlbrough s’en va-t-en guerre,
    Mironton-ton-ton ! Mirontaine !