Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/240

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Alors intriguée, curieuse et stupéfaite, Nénette, qui prétend être renseignée sur tout, prend sa course. En quelques bonds elle a rejoint l’endroit où l’engin s’est abîmé dans la chaussée défoncée. Les pavés éclatés fument encore. Ses deux petites pattes agiles grattent furieusement le sol, pour voir…

Toute l’après-midi, la marche se poursuit dans la campagne vallonnée qu’enveloppe la brume. Parfois, sur le chemin, on rencontre des files d’autobus parisiens défoncées et boueux. Ce sont les convois de ravitaillement, dans leur marche incessante. On incline vers l’est. L’adjudant Matheau dit à ses hommes :

— C’est dans l’Argonne que nous allons.

Au creux d’une vallée resserrée que remplit une route, voici un village à demi détruit. À droite et à gauche montent deux coteaux garnis de taillis. À la première maison qui conserve encore la moitié de son toit et un poutrage intact, Nénette flaire et s’arrête. Elle a deviné que c’était là où logeait le commandant du secteur. Les officiers entrent. Il y a un trou rond dans le mur ; au-dessous, un lit de