Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/239

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dont rien ne transpire. Tout à coup le lieutenant Fleuriot s’arrête. Il y a là une jolie maison blanche au balcon sculpté, une de ces calmes maisons de province qui semblent pleines de bonheur et de souvenirs. Mais son toit crevé a mis à nu la charpente. Une grosse lézarde la balafre du haut en bas. Par une fenêtre arrachée, l’on aperçoit une chambre simple et belle, avec, au fond, un grand lit.

Le lieutenant regarde cette maison. Des larmes ont jailli de ses yeux. Mais il reprend sa marche. Les hommes n’ont rien vu : il ne s’est pas arrêté trente secondes. Et le chœur continue avec un entrain endiablé :

      Elle aperçoit son page,
      Mironton, Mirontaine,
      Elle aperçoit son page
      Tout de noir habillé.

Un sifflement bizarre, comme le glissement strident et vertigineux d’une auto aérienne, puis un fracas de foudre, un éclair. Les hommes figés rentrent la tête dans les épaules : un réflexe. Puis on se retourne. L’obus les avait repérés et vient d’éclater là-bas, à cinquante mètres derrière eux…