Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/243

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comptoir de la parfumerie est une singulière préparation à la pluie des obus, et vous ne sauriez croire combien cet homme est étonné. Il les guette dans le ciel, mais ces diables de marmites passent toujours sans qu’il les voie. Un formidable jappement de Nénette, strident et farouche, appelle son monde. Elle était là, depuis une minute grattant la paille, l’écartant de ses petites pattes frénétiques. Et savez-vous ce qu’elle vient de mettre à découvert ? Un homme au visage noir et desséché, coiffé d’un casque à pointe où s’éploie l’aigle impériale, et vêtu d’un uniforme réséda. Crenn imperturbable s’est penché ; avec son accent breton, chantant et tranquille :

— Qu’est-ce que c’est que celui-ci, tout sec ?

— Tu ne vois pas que c’est un Boche ? dit le caporal Minerbe.

Alors la paille est retournée de fond en comble et six cadavres pareils apparaissent, enfouis là depuis des mois peut-être, à la suite d’un fait d’armes anonyme, accompli glorieusement par quelque patrouille errante. Loïk,