Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/253

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sans conteste. Elle m’émotionnait, là. Et puis, un dimanche, on est allé à Viroflay, avec des amis. Ils étaient trois à me blaguer parce que j’avais confondu des betteraves avec des choux, dans un champ. Alors elle a pris ma défense, si gentiment, si gentiment ! Pauvre petite chatte ! On s’est épousé, voilà quatre ans. On s’aime plus que le premier jour. On a un petit garçon qui est en nourrice à Chatou. On allait le voir tous les dimanches. On devait le reprendre au printemps, chez nous. Au moment de la mobilisation, elle a eu un courage de tous les diables. Elle me disait : « Va, mon gros, si l’on me donnait un fusil, je partirais avec toi ! » Elle est venue me conduire à la gare de l’Est, sans verser une larme. Mais elle était pâle comme une morte. Quand le train a démarré, je l’ai vue qui se cramponnait à la grille du quai…

Un sanglot éclate. Balandard se cache la figure dans les deux manches de sa capote. Minerbe ne rit pas. Lui aussi tire une photographie.

— C’est ta bonne amie ? interroge Nida.