Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/252

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de vin, une portion de bœuf presque encore tiède, du pain si abondant qu’on n’en mangera pas la moitié, tout cela réchauffe. Et dans chaque petit fortin, trois par trois, on festoie.

Balandard, Minerbe et Nida se trouvent ensemble. On respire. La journée a été bonne. Pas un blessé. Les balles ? On commence à les blaguer. On se détend un moment. On fume une pipe. On cause peu. On rêve. De l’intérieur de sa capote Balandard sort un portefeuille. Il y a des lettres, une photographie.

— Tenez, les gosses, regardez si elle n’est pas bien, ma petite femme ?

Au clair de lune, un jeune visage de Parisienne souriante apparaît. Avec un grand intérêt Minerbe et Nida apprécient la grâce de la bouche tendre, des yeux malicieux. Balandard plein d’orgueil raconte :

— J’étais au comptoir de la parfumerie. Elle, aux gants. Cette gamine-là m’aimait depuis deux ans sans que je m’en doute. Et moi, grosse bête, je n’osais pas lui parler. Oui, mon petit Nida, c’est comme je te le dis, parce qu’elle était la plus chic de la maison,