Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/258

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Empêcher Nénette ! d’être curieuse ? Autant arrêter le vent qui court ! La voici qui se précipite au rebord de la tranchée ennemie. Son poil se hérisse, ses pattes s’écartent, ses jarrets se tendent, sa voix aiguë s’élève en jappements furieux. Elle a vu, tapis dans la terre, les casques à pointe. Sa colère n’a plus de bornes.

Mais, comme par enchantement, la fusillade française tout d’un coup s’est tue. Est-ce que l’on peut tirer sur Nénette ? Nénette, c’est la petite compagne du régiment, sa gaîté, son entrain, son guide. Tuer Nénette, ce serait massacrer un idéal léger d’insouciance, de hardiesse, d’intrépidité. Les Boches l’ont deviné. Aussi, comme il s’amusent de cette situation, comme ils la prolongent à plaisir ! Ici on lui tend un os, là un morceau de sucre. On l’amadoue. On la retient. Pendant ce temps, là-bas, les balles se refusent à sortir des fusils. Et puis deux ou trois casques se hasardent, protégés par la présence de cette petite bête en furie. Us se haussent lentement. Comme ils connaissent bien cette tendre sentimentalité française qui