Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/261

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— Marrow ! prononce-t-il à voix basse (il est mort).

Crenn est là aussi, avec les frères Hervé. Ils échangent en leur langue granitique des mots qui ont le son de la pierre frappée. Mais seul le défunt les occupe. Cependant les blessés perdent du sang en abondance et maladroitement cherchent à s’appliquer leur pansement. Nénette est là aussi en spectateur compatissant. Sa tête au museau pointu inclinée sur l’épaule, de l’air d’un praticien qui élabore un diagnostic, elle contemple dans cette chair meurtrie le trou béant d’où le sang bouillonne. Puis sa petite langue s’allonge timidement, et, avec une douceur touchante, elle se met à lécher la plaie du camarade. Tous la laissent faire, attendris…

— Sapristi, mettez-y plutôt de la teinture d’iode !

C’est l’adjudant Matheau qui arrive enfin. Il active les pansements. Des hommes de bonne volonté s’offrent pour charger les malheureux sur leurs épaules, et les conduire au poste de secours. Ils s’en vont ainsi, à