Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/295

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elle. De là, ce détachement, cette indifférence qui la rendent plus belle. Soudain, Teddy tressaille : elle parle anglais ! Quelle distance franchie ! Quel rapprochement !

Ce qui s’ensuit, vous l’avez deviné avant que je ne vous le dise : en payant son bock, corporal Teddy interroge délicatement la caissière. Sort-elle parfois le soir ? Peut-on la voir chez ses parents ? Le véritable amour est ainsi. Le véritable amour méprise les atermoiements. Il force aussi les choses de s’arranger. Ainsi mademoiselle Augustine est justement libre ce soir. Ses yeux malicieux de Française avisée ont plongé dans les yeux sans détour de Teddy. Ils y ont vu son âme d’enfant. Ame puérile, force d’hercule. Protection, faiblesse : n’est-ce pas tout ce que cherche la Française dans l’amour ? Mais la prudente Rouennaise, réfléchie et calculatrice, aiguille avec sagesse l’aventure.

— Vous arrivez, vous ne connaissez rien ici : je vous emmène tout à l’heure dîner chez mes parents.

— Well, dit Teddy.