Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/296

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Huit heures ; les voici dehors, côte à côte. Teddy va de son pas automatique. Mademoiselle Augustine trottine à l’allure charmante et menue que règle son talon trop haut. Dans la rue quelques Français se sont égarés parmi les représentants de la British Army. Les Scottish Guards, avec leurs jambes nues et leur petit jupon, ont le regard sentimental et rêveur sous le bonnet écossais mis de travers. Les officiers vont deux par deux, en silence. Des groupes de sept à huit fusilers se rendent, au pas, au camp lointain. Des camions chargés de troupes, où les casquettes anglaises s’alignent en brochettes, face à face, ébranlent la chaussée. Mais dans l’air pas un mot ne passe. Corporal Teddy Jackson n’a pas desserré les lèvres. Mademoiselle Augustine, elle, aurait mille choses à dire et sa langue la démange.

Ne croyez pas que les parents de la petite caissière soient millionnaires. Non. Ils habitent au quatrième, rue aux Ours, deux chambres sur la cour où l’on sent l’oignon frit et la soupe aux haricots. Le papa travaille sur le