Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/297

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port, la maman fait de la confection ; les grands frères sont occupés quelque part en Argonne ou en Champagne. Mais c’est une maison à la fois laborieuse et aisée d’ouvriers français où l’on a de quoi pour le lendemain. Vous pensez peut-être que ces braves parents vont pousser les hauts cris en voyant leur Augustine ramener pour le dîner un soldat anglais d’un mètre soixante-dix-huit. Eh bien, non. Ils ne s’étonnent nullement. Le patriotisme explique beaucoup de choses, et il est doux de fraterniser, entre grands peuples dignes l’un de l’autre. Voilà ce que ressentent les parents d’Augustine, en mettant sur la table une assiette de plus. Après tout, ce n’est peut-être pas la première fois.

Ce que je ne vous expliquerai pas, c’est l’état d’âme de corporal Jackson transporté soudain du désert de l’Yser en cette petite cuisine française, parfumée aux relents de mets exquis et nationaux, aux côtés de la plus jolie fille de France, et sous les yeux attendris de deux vieux ouvriers normands, béants d’admiration et d’enthousiasme.