Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/303

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ajourés, que les lumières de la nuit font bleuâtre et légère.

Ici une devanture de music-hall crûment éclairée en jaune par de gros œufs électriques. De gigantesques tableaux sont dressés sur chevalets aux abords de la caisse. Voici Mourir pour la patrie, le Fantôme du Bonheur. Femmes évanouies, avions en feu. Scènes de tranchées. Puis le côté comique : Coco va dans le monde. Cinéma ! Cinéma ! Fallait-il que les managers de la joie humaine arrivassent au xxe siècle pour s’apercevoir qu’aucun jeu de l’esprit ne divertira jamais l’homme autant que l’image !

Une petite pluie fine et fraîche, la petite pluie rouennaise, saupoudre les visages, englue le pavé. Une longue file de soldats anglais fait queue à la caisse pour les billets. Teddy prend son tour. Gravement le voici maintenant dans la salle obscure. Sur l’écran passent les films drolatiques : coups, gifles, automobile emballée crevant les devantures, entrant dans les boutiques : piles de marchandises s’effondrant, fracas de tonnerre, victimes coupées en morceaux qui se recollent. Dans les ténèbres