Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/304

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de la salle éclate un rire sonore et puissant, le rire de tous ces soldats anglais que la rue, tout le jour, a vus graves et sévères et qui, devant ces tableaux burlesques, se réjouissent bruyamment dans une gaîté qui touche au délire.

Entr’acte. Illumination de la salle blanche. Teddy s’aperçoit qu’il a pour voisines deux ravissantes petites ouvrières, toutes jeunettes encore, aux joues rondes, au cou blanc, aux fossettes délicates : grâces toutes nouvelles pour le corporal. Elles croquent des pastilles de menthe.

— En voulez-vous, monsieur l’Anglais ?

Le joli geste ! Que d’amitié ! Que de confiance ! Teddy prend des pastilles. Une révolution se fait dans son trop sensible cœur. Sa peau rasée, couleur de brique, se plisse rudement sur ses mâchoires géantes : c’est un doux sourire qu’il adresse à sa voisine. Mais le spectacle recommence. Voici le parc d’un château où deux fiancés amoureux se promènent au clair de lune. Un drame les sépare. Ils doivent s’arracher aux bras l’un de l’autre. Pleurs. Désespoir. Baisers déchirants. Une larme tombe sur