Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/306

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ne peut concevoir sans émoi : l’amour. Songez que Teddy n’a jamais connu le bonheur, qu’il est donc malhabile à établir les bases du sien, qu’il en est avide, qu’il croit le saisir partout ; qu’enfin il est ébloui devant la clarté de la vie, comme un homme qui sortirait du tombeau.

On quitte ensemble le Cinéma. Les jeunes filles habitent les hauts quartiers de la ville. Teddy offre son bras à la plus jolie. Ne me demandez pas comment vont converser, durant le trajet, ces deux êtres qui ne parlent pas la même langue. J’en ai vu beaucoup dans ce cas qui se comprenaient parfaitement, et ce me fut toujours un mystère. Les rues sont désertes. Une lueur électrique violette tombe des lampadaires. On n’entend que le pas des promeneurs frappant le pavé gras. Voici les ruelles étroites des quartiers populaires où des chats blancs, d’une allure dansante, fuient le long du ruisseau. La jeune ouvrière fait épeler son nom à Teddy. Ingénument on les entend s’appliquer : mademoiselle Mé-de-leine, monsieur Té-dé. C’est pour chacun des deux une musique délicieuse ; leur rire s’égrène doucement. Enfin