Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la tunique fauve de Teddy. Il se voit dans un parc semblable aux bras de sa jolie voisine. Bien plus, il se voit à Londres le mari de cette gracieuse personne. Ils ont une chambre élégante garnie de légers meubles laqués. Teddy a trouvé un emploi lucratif et il offre de riches toilettes à sa jeune épouse. Je crois même qu’ils ont un amour de petit enfant.

Je sais bien que vous pensez à Augustine et aux braves gens de la rue aux Ours. Eh bien, Teddy n’y pense nullement à ce moment-là. Peut-être que vous allez le juger très sévèrement. Vous ferez bien. Cependant je réclame pour mon héros des circonstances atténuantes souveraines. Songez qu’il vient de passer dix mois dans l’enfer, en tête à tête avec la mort ; qu’il a vu ses frères tomber l’un après l’autre ; que ses yeux ont supporté des visions de carnage,

que lui-même a tué sans relâche, et 

qu’en se couchant le soir sur la terre nue, il sentait que cette terre menaçait de l’engloutir demain pour toujours. Puis qu’aujourd’hui, soudainement, la vie avec tous ses charmes lui apparaît ; qu’il entrevoit ce qu’un cœur anglais