Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dant de base, la foule rouennaise envahit le camp. Débordante fraternité. Échange de cigarettes. Rumeur sourde et enthousiaste. Rires d’enfants. Pleurs de nourrissons que leurs mères ont amenés. Bruits populaires. Intimité d’un peuple reçu chez une armée alliée qu’il héberge.

Corporal Teddy Jackson, debout à l’entrée de sa tente, fume avec regret une pipe de bruyère achetée rue Grand-Pont. La saveur en est acre et amère. Il se souvient d’une autre pipe qui lui avait coûté six sous à Saint-Omer et qui portait une blessure glorieuse. Glorieuse pour Teddy, s’entend. Cette pipe était subtile et parfumée. Elle contenait d’ineffables consolations. Puis elle avait été le témoin de grandes choses. La nouvelle venue n’a pas d’histoire. Il faut qu’une pipe ait une histoire. Faute de quoi, elle ne raconte rien au maître qui la fume. Corporal Teddy n’a plus de rêves. Il n’ose plus en faire. La vie est morne.

— Monsieur l’Anglais ! C’est permis de voir comment votre tente est faite à l’intérieur ?