Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/317

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retranchait de toute famille, de tout lien, qu’il était seul au monde. Il a demandé son nom. Elle a dit Jeanne. Il a répondu religieusement :

— Comme Jeanne d’Arc.

Le brouhaha, le tournoiement de la foule autour d’eux, le soleil qui ruisselle sur le camp, le panorama gigantesque qui s’étend au loin jusqu’à ces collines bleues marquant là-bas le cours de la Seine, les grise un peu. Comme ce rire frais, sonore, continuel, rire d’enfant heureuse, rire tendre et sentimental de Française étonne Teddy ! Jamais il n’a entendu pareil rire à Londres. Il le provoque, il l’entretient. Il pense qu’il serait agréable, après la paix, d’avoir pour la vie une pareille compagne qu’il retrouverait le soir après sa journée de travail, et qui l’enivrerait de ce rire doux et perlé. Cependant le jour baisse. La foule se retire lentement : le camp se vide, les pèlerins reprennent la route de la ville. La petite dactylographe va partir. Moment déchirant de la séparation ! Se reverra-t-on jamais ?