Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/49

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les Allemands sont à trois journées de marche de Paris.

Soudain, la sonnerie du timbre déchire le silence du magasin. La porte s’ouvre avec véhémence. M. Bouchaud entre en coup de vent. Il tire son mouchoir, s’éponge le front sous son canotier de paille et dit :

— Vous ne savez pas ? Le gouvernement s’en va.

Et il se laisse choir sur une chaise.

Un peu plus sec, un peu plus pâle que de coutume, M. Duval demande :

— Où va-t-il ? À Versailles ?

— À Toulouse ? interroge des Assernes.

— Eh ! je ne sais pas, moi ! répond avec humeur le chef de rayon. Il fiche le camp pour mettre les paperasses de la France en sûreté, et puis voilà.

— En débarquant hier soir à Orsay, dit des Assernes, j’ai dû fendre une foule qui campait à même les dalles de la gare en attendant le départ éventuel de trains qui l’emportassent. L’aspect en était à la fois lamentable et pittoresque.