Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/59

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Voilà aussitôt la débandade. Les pantalons rouges se répandent comme un flot rutilant dans les prairies, dans les champs. Les hommes roulent avec délices dans la mollesse des avoines mûres leurs membres lassés. Les habitants sortent des fermes. Le même cri retentit partout ; « Du vin ! »

Mais voici sur la route un nuage ambulant, qui s’avance, grossit avec un bruit de galop, de camions, de ferraille. C’est un détachement d’artillerie lourde, dix batteries qui vont laisser leurs caissons alignés sur le chemin principal du village, pendant que conducteurs, servants et pointeurs se coulent dans les chemins, les ruelles, partout où se dresse une ferme, une chaumière, pour répéter le cri toujours pareil : « Du vin ! »

La nuit tombe. Le soir est étouffant. Picot et Lecointre se sont taillé un marabout magnifique dans une meule fraîche de blé, à flanc de coteau. Sous un ciel noir d’orage, les yeux de ces vingt mille hommes harassés se ferment. Le plus terrible des besoins, la soif, ils l’ont apaisé, et maintenant des écuries, des étables