Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/60

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où les plus malins se sont logés, des bosquets, des meules, des champs environnant le village, monte le ronflement de la troupe endormie.

Picot et Lecointre n’ont pas sommeil. Ils se demandent jusqu’où on va se replier. Ils ne comprennent pas.

— Si je savais que c’est la déroute, dit Henri Lecointre plus facilement déprimé, j’aimerais mieux être resté à Charleroi avec les camarades.

— La déroute ! Mais, mon vieux, explique Robert Picot, tu ne sens donc pas au contraire que nous accomplissons une manœuvre ? On nous mène quelque part, je ne sais pas où. Mais que les Boches prennent garde !

— Te rappelles-tu, dit Henri Lecointre, mélancolique, ce beau dimanche, à Choisy, où nous avons péché toute l’après-midi, amarrés à l’île ?

— Ah ! dit Robert Picot, si je me le rappelle !

Un coup de tonnerre, un vrai celui-là, leur clôt les lèvres. En même temps, le crépitement de la pluie et de la grêle sur la paille de leur abri les invite à s’enfoncer davantage dans la chaude hutte. Bientôt la fatigue impérieuse