Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/63

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battre. La vérité c’est qu’à trois cents mètres d’ici, le plateau dévale en chemins abrupts vers la vallée ; que la pluie d’orage a transformé ces chemins en bourbiers ; que les lourds caissons, en s’engageant dans ces ornières, risquent d’y rester, et que les Allemands sont sur les talons de la troupe française. Alors, plutôt que de laisser aux ennemis ces canons farouches et rudes qui n’ont jamais trahi, ne vaut-il pas mieux les anéantir ici même, les pulvériser pour qu’en entrant dans le village, l’ennemi n’y trouve plus que les trous gigantesques où se seront engloutis leurs nobles débris ?

Georges Picot et Henri Lecointre comprennent la vérité quand ils voient le commandant s’approcher, embrasser d’un long regard les belles pièces immobiles et confiantes, puis détourner la tête pour dérober son émotion à ses officiers consternés.

Dans la campagne, dans les chemins, dans les avoines piétinées, les femmes, les enfants, traînant des porcs, poussant les vaches, fuient en criant ; le village maintenant est vide, comme mort ; les artilleurs, montant leurs che-