Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/62

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Sur toute la longueur du village, dans le chemin central bordé de haies, une par une les pièces des dix batteries de 155 sont alignées. Mais les chevaux broutent dans les champs, et pas un caisson n’est encore attelé. Cependant, un ordre étrange est donné. C’est une révolution dans le village : les femmes en camisoles et bonnets de nuit sortent de leurs maisons. Il y a des sanglots et des pleurs. Déjà les hommes vont aux étables et libèrent les bêtes, vaches et porcs, qu’ils poussent vers la campagne et les bois voisins. Car il faut que dans un quart d’heure tout le village soit évacué.

— Que va-t il se passer ? demande Henri Lecointre en contemplant l’exode lamentable de tous ces pauvres gens, s’enfuyant dans la direction de Champvoisy, emportant, noué dans de blanches serviettes, le plus précieux de leurs souvenirs.

— On va se battre ici peut-être, dit Robert Picot.

— Si c’était vrai ! dit en frémissant le commis libraire.

Mais non, ce n’est pas encore l’heure de se